« Jean-Kévin Augustin ne peut être ignoré », titrait ESPN en 2015. Un titre qui, malheureusement, a bien vieilli… mais dans le mauvais sens. Qui se souvient aujourd’hui de Jean-Kévin Augustin, annoncé comme le futur fer de lance de l’attaque parisienne et participant à un match de Ligue des Champions à seulement 18 ans ?
Qu’a-t-il bien pu se passer pour que tout bascule aussi vite ?
Des débuts prometteurs
Originaire de Plaisir, dans les Yvelines, le jeune Français débute dans son club local avant d’être recruté par l’AC Boulogne-Billancourt. Il rejoint ensuite le Paris Saint-Germain à l’âge de 12 ans, en 2009.
Très vite, il marque les esprits, notamment grâce à trois buts en Youth League (la Ligue des champions des moins de 19 ans) en 2013. Dans la foulée, il signe son premier contrat professionnel en 2015 pour une durée de trois ans et dispute son premier match en Coupe de France la même année contre l’AS Saint-Étienne, délivrant une passe décisive.
Tout s’accélère ensuite : lors de la préparation de la saison 2015-2016, il inscrit trois buts en quatre apparitions en match amical. Il connaît sa première titularisation en Ligue 1, joue son premier match de Ligue des Champions et marque son premier but en championnat en novembre 2015.

(Jean-Kevin Augustin marquant avec le PSG ©Rogerio Barbosa / Icon Sport)
Un rebond parfait à Leipzig
Malgré ces débuts encourageants, Augustin ne parvient jamais à s’imposer dans une équipe parisienne qui laissait peu de place aux jeunes. N’entrant plus dans les plans du sélectionneur de l’époque, Unai Emery, il fait donc savoir à la direction son envie de quitter le navire.
En juin 2018, il rejoint le RB Leipzig pour 13 millions d’euros, alors dauphin de Bundesliga et club en pleine ascension. Un transfert qui déplaît à certains supporters parisiens : Eurosport écrit même que « certains espèrent ne pas s’en mordre les doigts dans quelques années ». Aucune inquiétude : leurs doigts sont en excellent état aujourd’hui !
Les débuts de l’ancien Titi sont juste parfaits : triplé en moins de vingt minutes pour sa première sélection. Il s’impose progressivement comme un titulaire indiscutable et forme un duo séduisant avec Timo Werner. Il dispute presque l’entièreté des matchs en Ligue des Champions, avec des performances qui en font un élément central du RB Leipzig.

(Jean-Kevin Augustin virtuose avec Leipzig ©ROBERT MICHAEL / AFP)
Une popularité entachée par plusieurs scandales
Grâce à ses premiers matchs disputés avec le Paris Saint-Germain et ses débuts prometteurs à Leipzig, JKA est sélectionné avec l’équipe de France espoirs par Sylvain Ripoll. Lors du match France-Chili, le sélectionneur français fait part de sa volonté de remplacer le Français à la mi-temps. Cependant, cela n’est apparemment pas du goût du Plaisirois, qui fait savoir son mécontentement, et une altercation se déclenche. Cela va obliger le staff de l’Équipe de France espoirs à renvoyer le Français.
Un an plus tard, Augustin refuse une nouvelle convocation en prétextant une « fatigue musculaire ». Une excuse qui n’est pas du goût du staff français. Leipzig soutient la décision et évoque un risque de blessure. Quel altruisme ! Un altruisme de courte durée puisque JKA va prendre part à un match amical avec le club allemand pendant la trêve internationale. Alors oui, les miracles existent, mais celui-là n’a pas du tout plu à la Fédération française, qui a décidé d’attaquer le Français et son club. Finalement, la Fédération française retire son assignation devant la FIFA après une entrevue avec les dirigeants allemands.

(Jean-Kevin Augustin, au côté de Sylvain Ripoll ©Pierre Lahalle/ L'Equipe)
À cela s’ajoute un autre incident : Augustin est sanctionné par Leipzig après avoir fait perdre du temps à son équipe avant un match de Coupe d’Europe, restant sur le banc, portable et écouteurs aux oreilles. Une vraie préparation sportive pour un match de Coupe d’Europe !
Des prêts peu convaincants
Après deux saisons contrastées entre performances et problèmes disciplinaires, Augustin est prêté à l’AS Monaco en 2019, avec option d’achat. Il rejoint un projet offensif ambitieux (Ben Yedder, Slimani), mais ne parvient pas à se faire une place avec Leonardo Jardim, et l’arrivée de Robert Moreno ne changera pas sa situation.

(Jean-Kevin Augustin en difficulté à Monaco ©Imago)
Il quitte ensuite la Principauté pour Leeds United, alors en deuxième division anglaise. Mais après seulement 48 minutes de jeu, le prêt n’est pas prolongé et Augustin se retrouve libre de tout contrat.
Une descente aux enfers à grande vitesse
Libre de tout contrat, il s’engage pour deux saisons avec le FC Nantes, où il souhaite relancer sa carrière. Mais il est écarté de l’entraînement pour retrouver une condition physique correcte. Après plusieurs mois de travail individuel, il dispute enfin quelques minutes… avant que de nouveaux examens n’indiquent qu’il souffre d’un Covid long, expliquant ses pertes physiques répétées.
Durant la même période, il est exclu du groupe professionnel et finit la saison avec la réserve, en National 2 à l'époque (quatrième division française).

(Jean-Kevin Augustin à Nantes en National 2 ©PHOTO G. MOUNARD
Libre de nouveau, il rejoint le FC Bâle en 2022 pour trois ans, avec lequel il dispute 51 matchs pour seulement 8 buts. En 2024, le club annonce une séparation à l’amiable.
Après près d’un an sans club, il s’engage avec Motor Lublin, en Pologne. Il inscrit son unique but en mai 2025, mais se blesse quelques jours plus tard contre le Pogoń Szczecin. Sans garanties sur sa récupération, le club n’active pas l’option de prolongation, et son contrat a donc pris fin en juin 2025.
(Jean-Kevin Augustin marque son premier but avec le Motor Lublin)
Et aujourd’hui ?
À 28 ans, Jean-Kévin Augustin se retrouve à nouveau sans club.
L’avenir est incertain : certains évoquent déjà une fin de carrière prématurée, tandis que d’autres espèrent encore un rebond.
Quoi qu’il arrive, l’histoire de JKA reste l’un des plus grands gâchis du football français moderne. On lui souhaite tout de même de retrouver un club et de pouvoir enfin exprimer tout son talent, pour écrire un nouveau chapitre plus heureux de sa carrière.
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